mercredi 4 mai 2011

L'ECAM PART EN 2011 : QUID DU FUTUR DU SITE ?

Il y a quelques mois, les propriétaires des bâtiments et du terrain occupés par l'ECAM et la petite école primaire flamande rue du Tir avaient soumis à enquête publique une demande de permis d'urbanisme.

Cette demande a été rejetée. La Commission de Concertation a notamment pointé - à juste titre - la densification de l'îlot, les gabarits trop importants des immeubles projetés, leur hauteur aussi. De plus, l'alignement des constructions lui-même était jugé inapproprié. A noter que l'école flamande n'est en principe pas concernée dans ce dossier.

Ci-dessus : L'îlot cerclé des rues Théodore Verhaegen (en haut), Bernier (à gauche), du Tir (en bas - le bâtiment en gris étant l'entrée principale) et de Monténégro (à droite).

Le site est en fait d'une sorte de domaine résidentiel refermé sur lui-même, accessible par un parking et fermé au quartier et actuellement occupé par l'Institut Supérieur Industriel (dont la journée "portes ouvertes" a précisément lieu ce samedi 7 mai 2011 de 9 à 14.00 - Rue du Tir 14).

Pour rappel encore, l'ECAM a entamé un chantier long de 18 mois en 2010 en vue de permettre d'organiser la rentrée académique 2011-2012 dans les nouvelles infrastructures sur le site de l'UCL [à un jet de pierre de la station de métro Alma]. En principe, les étudiants et le corps professoral devraient quitter les lieux fin juin 2011.

Voilà qu'aujourd'hui, un nouveau projet concernant une grande partie de l'îlot occupé par la Haute Ecole Léonard de Vinci (de laquelle fait partie l'ECAM, donc) sort des cartons.

Bien que n'ayant pas, à ce jour, pu voir de dossier concret, voici ce que nous en avons appris :

L'îlot «ECAM» (rue Verhaegen, rue Bernier, rue du Tir, rue de Monténégro) a été vendu il y a quelques années à une société appartenant à Jean Boghossian. Belge, Libanais, Arménien et un peu Syrien, Jean Boghossian a bâti sa fortune dans le diamant. Il a refait de la Villa Empain un joyau du patrimoine bruxellois.

Précédemment, il avait mis sur pied la Fondation Boghossian, qui a surtout œuvré à l'amélioration des conditions de vie des jeunes en Arménie et au Liban, afin d'encourager leurs potentiels pour un avenir meilleur.

La Fondation Boghossian finance des projets d'ordre social, éducatifs, artistiques et environnemental, ayant par exemple en 2009 redonné la vie au parc public à Erevan, la capitale d’Arménie.

Pour en revenir à Bruxelles, l'homme d'affaire s'est donc surtout intéressé à la Villa Empain [Avenue Franklin Roosevelt 67]. Pierre précieuse de l'architecture des années 1930, la Villa du baron Louis Empain avait vu sa beauté faner au bout de vingt ans d'abandon. Jean Boghossian a dépensé pas moins de 5,5 millions d'euros dans sa restauration après l'avoir rachetée en 2006.

La Villa Empain abrite depuis avril 2010 le siège de la Fondation Boghossian. Ce trésor mondial de l'Art déco a en effet ouvert ses portes de bronze et d'or pour emmener le public sur les routes de l'élégance de l'art entre l'Orient et l'Occident.

Ce dernier a donc chargé l'architecte Philippe De Bloos (déjà à l'affaire dans le projet de la Villa Empain) de faire un projet de lofts et logements de luxe sur le site évoqué plus haut.

La concertation du 20/04/2010 avait donc émis un avis négatif sous de multiples motifs. Monsieur Boghossian étant déçu et occupé à d'autres projets, l'îlot est actuellement à revendre en bloc ou en morceaux.

La vente s'annonce cependant au prix fort du logement potentiel (pourtant refusé!).

Le Comité de Défense de Saint-Gilles s'oppose, sur le principe, à la modification d'affectation d'équipement public en logement - vraisemblablement de standing de surcroit.

Nous invoquons deux raisons essentielles :

1. Nous répétons inlassablement que le besoin de logements moyens et pour les bas revenus est indispensable à Saint-Gilles. Avec de nombreux partenaires qui travaillent sur le terrain (avec la population) et en nous reposant sur de nombreuses études faisant autorité, c'est cette niche qu'il faut privilégier. C'est particulièrement le cas au sein de la coordination sociale du CPAS de Saint-Gilles où les constats de tous les participants [associatifs et services communaux] s'accordent à dire que la problématique est gravissime.

2. A un moment où les écoles sont en manque cruel de place, il serait abstrus, vu la poussée démographique de gommer purement et simplement du paysage saint-gillois un établissement scolaire. D'ailleurs, si nos sources sont exactes, il semble que l'école des Filles de Marie (qui occupa d'ailleurs autrefois des locaux à cet endroit) se verrait bien candidate à une future occupation du site. Bien entendu, le "prix fort" attendu par le propriétaire constituera un obstacle à ces desseins.

Il nous semble inacceptable de se passer d'un équipement collectif dans un quartier qui en a un besoin intense.

Tous, au CODES et avec l'appui de nos partenaires, nous serons vigilants quant au maintien absolu des surfaces affectées au scolaire dans ce quartier de Saint-Gilles où toutes les écoles (communales et libres) maternelles, fondamentales, secondaires et techniques se voient confrontées à une augmentation régulière et importante des demandes d'inscriptions. Et ne parlons pas du manque dramatique de crèches !

Ce n'est donc pas le moment d'accepter la disparition des zones d'équipement collectif.

A fortiori pour créer des ghettos de riches dans un quartier où cela ne peut qu'engendrer des tensions sociales !


En outre, le fait, pour le propriétaire, de songer vendre ces parcelles alors que le permis de construction de logements est rejeté est totalement spécieux. Il est lamentable que la spéculation et l'appât du gain soient les seuls moteurs de promoteurs peu scrupuleux des dégâts colossaux qui frapperaient le tissu humain et social local.

Si, pour la commune, l'arrivée de "nouveaux riches" peut certes être une relative aubaine pour renflouer les caisses, nous insisterons lourdement auprès d'elle pour ne pas succomber aux chants des sirènes de tous les projets mégalomanes et spéculatifs. Les tours de l'avenue Fonsny, le projet Aténor (gare du Midi), le (re)nouveau du projet de tour en V de Jean Nouvel sur la gare, la rénovation de l'ancien centre de tri de Bruxelles X [une tirette de blocs de 70 mètres de haut] sont autant de quasi réalités qui nous laissent dubitatifs quant à leur opportunité. D'ailleurs, les quatre tours de l'avenue Fonsny récemment érigées n'ont vraiment pas apporté la preuve d'un réel apport - social, humain, économique même - à la commune.

Ci-contre :
des photos prises lors de la journée "portes
ouvertes" du 7 mai 2011. Elles témoignent de l'espace gigantesque des lieux - et du type d'ateliers de grande qualité de l'école.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire