La rue Théodore Verhaegen est l’une des plus sinistres de la commune de Saint-Gilles. Voirie régionale, elle est un lieu de passage très dense qui relie plusieurs quartiers de la gare du Midi à la Barrière.
Depuis de nombreuses années, les saint-gillois entendent parler de son réaménagement. Le projet était à l’enquête publique le 23 mars. Ou plutôt : le projet de la STIB était « proposé ».
Inlassablement, le Comité de Défense de Saint-Gilles (nous ne sommes pas les seuls) demande aux instances de respecter une nécessaire coordination des chantiers. Trop souvent à Bruxelles, les trottoirs et chaussées sont ouverts puis refermés puis rouverts ; et ainsi de suite. Reconnaissons que les choses changent et que notre commune tente de coordonner les chantiers – ce n’est pas simple lorsqu’il s’agit de mettre autour de la table dix, quinze, voire vingt opérateurs.
Lorsque l’on « touche » à la rue Théodore Verhaegen, nous sommes dans ce cas de figure.
Un autre point sensible auquel il faut s’intéresser est la profusion de projets locaux :
l’aménagement de la placette dite « des deux bancs »,
la construction d’un abribus place de Bethléem (qui entraînerait la déviation de la petite rue du haut de la place),
le remplacement des rails de tram,
le changement de sens unique de la rue du Fort (et son aménagement dans le cadre du contrat de quartier Parc-Alsemberg),
l’asphaltage de la voirie et son aménagement (modification des arrêts de tram, tracé de pistes cyclables,…),
l’installation d’une station Villo (la firme JC Decaux en avait promise une au coin de la rue Bernier – c’est plutôt « bernique » pour l’instant.
Et dans cet élan, la STIB demande de mettre le haut de la rue à sens unique pour faire gagner quelques secondes (le représentant s’aventure à parler d’une minute trente) au tram.
A la lecture des plans et des explications, les citoyens et commerçants sont resté sur leur faim. Ils étaient nombreux à manifester leur inquiétude face à l’ampleur des travaux et des conséquences sur leur vie de tous les jours. Tout à la fois, tous sont conscients qu’il faut faire quelque chose. Reste à savoir comment.
Depuis plusieurs années, la STIB a répondu à notre invitation et a pu nous expliquer ses intentions. Elles sont essentiellement liées au contrat de gestion régional qu’elle doit respecter. Et aussi aux objectifs fixés par plusieurs plans. Force est de constater que la STIB n’arrive pas à les atteindre. Les sites propres sont loin d’être à hauteur de ce qui est annoncé depuis des années. La vitesse commerciale est toujours aussi poussive (elle stagne sous les 17 km/h en moyenne alors qu’elle devrait atteindre autour de 19 km/h).. Les lignes sont de moins en moins « lisibles » et efficaces. Les correspondances ont été multipliées,… La société est passée sans transition de service public à entreprise de sévices public.
La commune de Saint-Gilles avait initié une réunion en février dans le but d'expliquer les grandes lignes du projet. Tout comme le Comité de Défense de Saint-Gilles qui avait invité à plusieurs reprises les habitants de la rue Théodore Verhaegen (et des alentours) à venir exposer leurs craintes et exprimer leurs questions quant aux travaux prévus - bientôt. Les commerçants, surtout, ont manifesté leur désapprobation quant à la mise à sens unique du haut de la rue.
Une pétition a d’ailleurs été émise par des commerçants en vue de supprimer ce sens unique : plus de 380 signatures ont été collectées et déposées en réunion concertation.
C’est dire si le sujet inquiète.Tous concèdent que la rue doit être réaménagée. Les travaux sont un mal nécessaire. Ce sens unique, par contre, traduit un caprice de la STIB qui veut imposer son diktat en dépit du bon sens. Quels sont les craintes du public quant à ces travaux ?1. La mobilitéLa mise à sens unique du haut. La STIB veut donc interdire la circulation des véhicules vers le haut de la rue qui serait donc mis à sens unique : on pourra descendre depuis la Barrière mais les véhicules ne pourront plus remonter à partir de la rue Sterckx. A titre d’essai, la commune teste le modèle depuis le 28 février pour une période de trois mois. Une évidence déjà : Ce n’est pour l’instant absolument pas concluant ! Au contraire …
La commune non plus ne semble pas voir pas trop l'utilité de ce sens unique. En effet, les comptages de passage de véhicules n'indiquent pas la nécessité de la mise à sens unique de ce tronçon. 7.000 voitures l’empruntent chaque jour (de semaine), tous sens confondus. C’est loin d’être saturé. D'autant plus qu'à aucun moment de la journée (excepté vers 8 heures du matin), le tram n'est ralenti. Cette mesure aura même pour la commune, une autre conséquence négative : celle de bloquer à certains moments le bus 48 et le tram 97 ! Le sens unique aurait aussi pour objectif de réduire le trafic de transit.
C’est le contraire qui se produira : un véritable chaos.A noter aussi que la rue du Fort est, elle aussi, à sens unique pendant cette période à titre d'essai ! Vaste programme donc qui provoque déjà un fameux chambard. La période de Carnaval a probablement permis de limiter l'embrouillamini du test grandeur nature. Le public s'est néanmoins demandé si la période (avec les vacances scolaires) était à ce point éclairante ...
Mais quid du marché du week-end ? Les camions doivent venir dans la rue du Fort par le haut. Cette question doit encore être réglée.
Pendant la durée des travaux, nous voulons que la STIB organise « son réseau de déviation » de manière à maintenir un tram sur la rue Théodore Verhaegen en recourant à l’aiguillage californien. Il doit y avoir moyen de maintenir un tram sur la rue Théodore Verhaegen ... même pendant les travaux ! Et si tel n’est pas le cas, il faudra mettre en circulation des navettes efficaces dès la gare du Midi.
2. L'impact des travaux sur le développement économique et leur incidence sur les entreprises :Ici aussi, la commune a pris le taureau par les cornes en demandant une étude d'incidence à Atrium (et aussi sur les probables embarras de circulation du 48 et du 97). Lors de la Commission de Concertation, Atrium a stigmatisé les conséquences catastrophiques du plan de la STIB.
La commune veut garantir à tout moment les livraisons des commerces. Les commerçants seront sollicités et avertis en temps utile. La commune s'engage à trouver avec eux des solutions. Les clients aussi devront avoir accès aux commerces. Tout doit être mis en œuvre pour que les boutiques et magasins soient accessibles à tous pendant toute la durée des travaux.
3. Les travaux d’égouttage. Les égouts de la rue Théodore Verhaegen vont être entièrement rénovés. Le réseau des égouts bruxellois a cent ans : vétuste, inadapté, usé : il faut le rénover. Tant le raccordement aux maisons que le collecteur principal sous la voirie sont concernés. C’est un chantier nécessaire. Nous craignons cependant que, malgré les propos tenus, ils ne durent plus longtemps que prévu.
4. Les passages pour piétons : il faudra une attention particulière pour la sécurité de tous. Et que tous les arrêts de trams soient disposés après les carrefours (ce qui semble être le cas). Nous regrettons une nouvelle fois que les trottoirs soient réduits – légèrement il est vrai - au bénéfice des places de parking. Quant aux plantations, elles ne sont pas prévues en suffisance pour les habitants.
5. Quid des pistes cyclables ?Les riverains craignent que ces pistes cyclables, même si elles sont bienvenues, risquent d’être en « conflit » avec les piétons. C’est notamment le cas au niveau des abribus où il est prévu des pistes les contournant, encerclant donc, en quelque sorte, les piétons. C’est un danger réel.
Par contre, le revêtement du sol (antidérapant, plat,…) permettra une plus grande facilité de circulation, même si plusieurs habitants soulignent que la rue restera dangereuse et que les cyclistes l’éviteront.
6. L’aménagement de la voirie.Le projet de construire un abribus sur la place de Bethléem choque la majorité des riverains. La rue venant du coin Dethy/Chaussée de Forest/Vanderschrick serait redessinée pour accueillir un abribus. Elle ne débouchera donc plus dans la rue Théodore Verhaegen mais bifurquerait avant vers l'autre côté de la place de Bethléem.
Pour le reste, les habitants demandent que les entrées des garages soient prises en compte pendant les travaux. Et nous insistons pour que les trottoirs soient dessinés de sorte à garantir un maximum de sécurité et de commodité pour tous – y compris pour les usagers faibles et les personnes à mobilité réduite et les handicapés.
Embellir, informer, organiser, coordonner.De nombreux commerçants et habitants craignent ces travaux qui vont durer de longs mois. Certains parlent de 9 mois de travaux, d’autres d’un an. Difficile à dire. Quoiqu’il en soit, ces travaux, même s’ils vont à terme embellir l’axe Midi-Barrière, demandent une excellente coordination et une information parfaite vers tous les publics.
Comment le quartier va-t-il fonctionner pendant ces travaux ? Plusieurs commerçants craignent que ce chantier risque de «tuer» l'activité économique locale. De plus, la crainte d’un « effet domino » reste d’actualité. Que ce soient les livraisons du Delhaize, les activités de Midas, des autocars Gilles, de la boulangerie Bécue (et des autres, snacks, restaurants, magasins divers), du marchand de bonbonnes Jacky : les travaux vont mettre à mal l’activité économique locale bien au-delà de la rue Verhaegen.
Pour un tel chantier, un numéro d'appel permanent et une antenne de chantier sont indispensables. En cas de problème, il y aura moyen de contacter une cellule (une antenne de chantier) qui pourra répondre et réagir rapidement. Il sera prudent aussi de garantir un accueil pour les personnes ne parlant pas - bien - le français. Cette cellule d'accompagnement devra avoir pour mission sera de rester en contact permanent avec les habitants et commerçants afin de veiller à (une information sur la) bonne marche des opérations. C'est elle aussi qui pourrait prendre contact avec les commerces concernés pour examiner avant toute nouvelle étape des travaux quelles pistes de solutions seraient à mettre en oeuvre. La commune a déjà pris les devants en diffusant largement un questionnaire aux commerçants. Une bonne signalisation des travaux doit aussi être prévue. Comme le fait que les commerces sont accessibles.
Le dédommagement des commerçants.Nous avons par ailleurs déjà évoqué cette question dans le blog. Tout sera mis en oeuvre, nous a-t-on dit, pour que le commerce souffre le moins possible de la situation. A aussi été abordée la question des inspections de l'AFSCA. Les commerçants du circuit alimentaire et de l'Horeca demandent que les travaux ne mettent pas à mal les questions de sécurité et - surtout - d'hygiène.
Certains points techniques doivent aussi être pris en compte. Citons par exemple la carte de stationnement : sera-t-elle étendue aux autres quartiers pendant le chantier ? Le stationnement sera plus compliqué. Les riverains pourront-ils garer "au même tarif" leur véhicule plus loin – puisque les places habituellement autorisées seront temporairement inaccessibles ?
Quid du calendrier des travaux ?Dans tous les cas, nous voulons une bonne coordination entre les différents opérateurs. Nous aurions aussi voulu savoir plus précisément l’ordre des travaux. On ne sait pas encore par où commenceront les travaux (par le haut ou le bas ?). La seule exigence est que les raccordements des égouts aux maisons se fassent sans trop d'effet sur la circulation, comme assuré par la commune. Le plus rapidement possible doit être présenté le séquençage des travaux [où commencent-ils, pour combien de temps,…].
Quid de la priorité de droite dans la rue Théodore Verhaegen ?Selon nos informations, la Région souhaite effectivement privilégier cette option. Dans ce cas, nous demandons que tout soit mis en œuvre pour articuler cette possibilité avec le Plan Communal de Mobilité. C’est d’ailleurs une peau de banane qu’a mise la STIB sous le pied de la commune en « imposant » le sens unique … et le chantage qui l’accompagne.
Moderniser, rajeunir, embellir la rue Théodore Verhaegen est un plus. Mais nous demandons de tout mettre en œuvre pour que ce ne soit pas – pour les commerçants – la clé sous le paillasson ou – pour les habitants un parcours du combattant.
Nous avons aussi constaté que beaucoup de citoyens, commerçants, habitants ne comprennent pas (ou pas bien) l’une des langues nationales. Il faudra impérativement les informer coûte que coûte pour les préparer aux travaux. Sans quoi le clash social et économique sera incalculable.