Le Comité de Défense de Saint-Gilles a pris connaissance du - famélique - dossier concernant le réaménagement des abords de l’Eglise Saint-Gilles. Nous avons invité les habitants et commerçants, ainsi que les frères de la communauté de l'église à une rencontre. Le but : préparer l'intervention à la commission de concertation de ce mardi 25 mai 2010.
La réunion fut très documentée. Nous avons appris qu'un comité s'était formé depuis plus de deux ans afin de défendre le quartier des abords de l'église - notamment auprès de la CLDI du Contrat de Quartier Fontainas. Ce CdQ ne couvrait pas, au départ, les rues citées plus haut. Les habitants ont insisté pour que le périmètre soit étendu à ces abords. Depuis ce temps, de nombreuses propositions et avis ont alimenté la réflexion de la CLDI - propositions qui se retrouvent peu dans le projet en discussion.
Voici la position qu'ont défendu les habitants (et les personnes concernées par le quartier, dont les Fraternités Monastiques de Jérusalem) des rues J. Volders, rue des Vieillards et rue de l’église Saint-Gilles (et des alentours). Elles ont été relayées par le Comité de Défense de Saint-Gilles et ont été déposées en concertation.
La revalorisation de l’espace public autour de l’Eglise Saint-Gilles intéresse les habitants de l'espace comprenant la rue de l’église Saint-Gilles, la rue des Vieillards et la rue Jean Volders. Mais aussi l’ensemble du quartier – et même tous les saint-gillois. L’initiative est bienvenue de s’intéresser à ce coin perdu et sans âme. Redessiner la voirie et les trottoirs permettra de lutter contre le trafic de transit. La diminution de la pression automobile, la limitation du trafic parasite dans les quartiers résidentiels et l’instauration d’une zone 30 sont des pistes intéressantes. L’actuel mobilier urbain est très pauvre : les habitants applaudissent l’idée de la réorganisation de l'éclairage public, notamment.
Le projet est situé dans le périmètre de protection d’un bien classé, l'église, et s’inscrit dans les objectifs du Plan Communal de Développement.
L’ensemble mérite effectivement une réflexion globale visant à unifier des vides de différents caractères, pour éviter les « non lieux » actuellement laissés pour compte. Il est aussi tout-à-fait exact qu’à l’heure actuelle, les zones autour de l’église sont des espaces résiduels mal vécus.
Les habitants ont exprimé au Comité de Défense de Saint-Gilles un certain nombre de remarques sur le – maigre – projet. Reprenons les éléments point par point :
1. Le parking.
Le parking rue des Vieillards serait supprimé. Dix nouvelles places seraient réorganisées le long de la rue de l’église. Le site comprenait 23 emplacements légaux dont 13 seraient supprimés. La suppression de plusieurs places de parking contribuerait éventuellement à diminuer la pression automobile. Mais ce n’est pas sûr du tout, parce que, au regard du projet, les voitures vont continuer à tourner dans ces petites rues pour trouver une place où se garer.
Quant au petit parking de la rue de l'église qui passerait de 7 à 10 places, il pose question. Pour l’instant, les 7 places sont disposées en épi. Le projet les dispose perpendiculaires à la placette. Cela n’est pas réaliste. Tout au plus peut-on en disposer 8. La place du côté de l’église empêcherait les piétons de passer, tandis que la dernière (vers la pointe du triangle) n’est pas tenable non plus. Il est vrai que les 15 places existantes sur la placette sont trop exigües (2m10 de large au lieu de 2m50 nécessaires) ce qui contraint souvent les usagers à se garer avec deux roues sur le trottoir aux extrémités.
Les dix emplacements pour le stationnement de vélos envisagés sur le site, du côté du Parvis, sont insuffisants.
Nous faisons remarquer que depuis quelque temps, des panneaux de signalisation « stationnement alterné » ont curieusement disparu sans préavis. On ne diminuera pas la pression automobile dans ces conditions ! D’un côté réduire le parking de quelques places et de l’autre l’augmenter massivement. Le Comité interpellera d’ailleurs l’échevin de la mobilité pour lui demander d’éclaircir ce choix – temporaire, accidentel ou définitif ?
2. Le mobilier urbain
Le long de l’église, face à la rue Jean Volders, l’espace serait élargi et débarrassé de ses « encombrants » : les poubelles et les bulles à verre. L'ensemble serait réorganisé. Nous encourageons le déplacement des bulles à verre entre le commissariat et l’église (et de préférence enterrées si le sous-sol le permet), la cabine téléphonique et l’abri des transports en commun sont réimplantées en recul, parallèlement à la façade de l’église, afin de ne plus constituer un avant-plan gênant dans la perspective vers l’édifice depuis la rue Jean Volders. Nous sommes par contre opposés aux « tabourets urbains ». Cette véritable invitation à s’arrêter et à s’asseoir n’est pas une solution. Il est également hors de question, si cette option était maintenue, d’imaginer ces plots en béton. En matière de design, de nombreux exemples réussis peuvent être transposés dans nos rues.
L’un des principaux problèmes dans ce micro-quartier est le bruit et le passage (et la présence) de personnes indélicates. Des ivrognes, des drogués viennent régulièrement casser la quiétude des lieux.
De nombreuses bagarres ont aussi lieu – particulièrement la nuit. La police n’intervient quasi jamais ! La configuration des lieux en entonnoir crée un effet de résonnance. Les abords de l’église sont aussi le théâtre de dépôts clandestins. Quand ce ne sont pas les fêtards rentrant des cafés du Parvis, urinant et criant le long de l’église. Une idée serait d’ailleurs d’intégrer dans le projet un urinoir – pourquoi pas un mur d’eau, à la fois décoratif et pratique sur l’un des pans de l’église. Il semblerait qu’un projet régional vise à placer 200 urinoirs dans les communes de Bruxelles : c’est également une manière de lutter contre les nuisances et incivilités.
Les cacas de chiens sont aussi une nuisance très désagréable … Si l’idée de construire une canisette, il serait important de la concevoir en long : les chiens ont besoin de trotter pour déféquer.
On le voit : les incivilités sont très nombreuses. C’est à tout cela qu’il faut donc s’attaquer. Et notamment aborder la question de la surveillance des rues à l’arrière de l’église.
3. L'éclairage
Dans le projet, l’éclairage est revu entièrement. Selon les concepteurs, son intensité est actuellement insuffisante. C’est exact. L’amélioration de l’éclairement nocturne doit consister à densifier l’éclairage de base en un système également décoratif qui mettrait en évidence le patrimoine – le flanc de l’église - et les arbres.
4. Les plantations
Les quatre arbres épars situés actuellement sur le triangle Eglise-Vieillards seraient abattus ainsi que les 6 tilia cordata. Cet abatage serait donc compensé par la plantation de 5 gleditsia.
Les habitants se demandent bien pourquoi abattre ces arbres !
L’aménagement propose la plantation d’un alignement de cinq arbres. L’idée de l’alignement est pauvre. Si cette option est maintenue, les habitants suggèrent d’augmenter le nombre plantations et de réfléchir sur un aménagement intéressant. Il serait plus judicieux de planter dans le nouvel espace du triangle un bel arbre majestueux, voire deux (floraison et feuillage à des horaires différents dans l’année). De « faux acacias » seraient bienvenus, par exemple. Quelques idées ont aussi été émises quant au type de plantation : des graminées au pied de l’église, des clématites, des plantes grimpantes sur les murs de l’église, …
En regard aux nuisances sonores évoquées plus haut, les habitants soulignent que la végétation devrait également avoir pour objectif de constituer une masse-tampon.
Quant à l’organisation de la place selon l’insolation, les habitants se demandent également quel sens a le fait, dans le projet, de disposer les arbres et les espaces pour les piétons dans l’ombre …
5. L'espace partagé et la zone 30
Le projet considère que la volonté d’un espace partagé entre les différents usagés (piétons et automobilistes) et les rues des Vieillards et de l’Eglise Saint-Gilles impliquent l'instauration d'une zone 30. Pour la zone 30, nous attendons toujours le Plan de Mobilité, toujours invisible.
Il est envisagé, dans le projet, que le passage piéton situé actuellement le long de l’avenue Jean Volders soit supprimé : c’est inacceptable. Par contre, on pourrait imaginer le quartier en zone résidentielle. La vitesse des voitures qui empruntent les rues de l’église et des vieillards est actuellement problématique. C’est un réel danger – surtout pour les piétons. Il faut réduire cette vitesse (et lutter contre le trafic de transit). Pourquoi pas, par exemple envisager un angle droit entre les rues de Vieillards et la rue de l’église ? La modération de la vitesse sera incontournable.
Nous avons compté dans le projet dix emplacements pour le stationnement de vélos : si tel est le cas, c'est un peu chiche. La tendance est que de plus en plus de citoyens roulent à vélo. C’est une voie qu’il faut encourager.
Le projet prévoir de diminuer les trottoirs à 2 mètres : c’est inacceptable. Il est également trop peu sensible aux difficultés que rencontrent les personnes à mobilité réduite. La déclivité de l’espace est très problématique. Le revêtement devra aussi tenir compte de l’inclinaison – ne pas recourir à la pierre bleue par exemple. Mais finalement : quels sont les matériaux prévus ?
Les habitants apprécieraient que l’on innove en mettant au sol un matériau qui aurait aussi la particularité de diminuer la réverbération sonore.
En conclusion, le Comité et les habitants émettent quelques autres remarques :
La diminution de la pression automobile est une bonne chose. Mais le plan de mobilité promis depuis belle lurette n’est toujours pas disponible. Depuis novembre 2008, lors des premières esquisses, aucune information consistante n’a été diffusée.
Il semble être question d’inverser le sens de la circulation dans la rue du Fort. Qu’en est-il ?
Une idée émise par les habitants est de réfléchir globalement le quartier. Une option serait de fermer le bas de la rue du Fort ou de la transformer en rue semi-piétonne. Cette possibilité entraînerait de facto une réduction du trafic de transit et une augmentation de l’activité locale.
Le projet pourrait imaginer les rues et l’espace public tout autour de l'église. En effet, l'espace entre l'église et la Justice de Paix est presque parfait comme terrain de jeu local pour des enfants, par exemple.
Une question qui vaut la peine d'être posée, également : avec plus de recul, on pourrait faire la jonction entre les deux contrats de quartier à l'occasion de ce projet, et inclure des idées du futur plan communal de mobilité et, peut-être déjà aller dans le sens de la fermeture de l'entrée de la rue du Fort et d'autres mesures de blocage du transit à travers le quartier.
La cohérence avec l’aménagement du Parvis s’en retrouverait consolidée. Bien sûr, les voitures de police doivent pouvoir partir facilement lors de toute intervention.
De toute façon, l’évaluation du Plan de Stationnement et le lancement du Plan communal de mobilité doivent intégrer les projets locaux. Mais cela doit se faire dans l’ordre. Dans le cas contraire, les habitants soulignent le manque de vision globale et l’improvisation navrante du présent projet.
Enfin, nous n'avons pas vu dans le projet d'aménagement réellement visibles permettant, pour les personnes âgées ou à mobilité réduite de faire face à la grande déclivité des abords de l'église (bien que quelques petits aménagements soient indiqués - deux rampes).
Nous craignons que la placette ne serve à (court) terme à une extension du marché. Idée qui est d’ailleurs intégrée dans le projet. Les habitants sont totalement contre cette éventualité.
Les habitants sont mécontents du fait d’avoir exprimé pendant plus de deux ans de nombreux souhaits – notamment lors des réunions de la Commission Locale de Développement Intégré et l’Assemblée Générale du Contrat de quartier Fontainas – qui ne sont pas illustrés dans le projet. Des propositions ont été émises tout au long de ces nombreuses rencontres. Des architectes du bureau d’étude ont également accompagné les habitants, sans que les remarques et suggestions de ceux-ci ne se retrouvent dans le dossier discuté ce 25 mai en concertation
Un autre élément pointé par les habitants est que le dossier ne comporte aucune solution alternative, ni aucune autre option justifiant finalement le seul rachitique dossier soumis à enquête publique.
Qu’en est-il aussi de cette rumeur qui rapporte que le plan « grandes villes » n’aurait plus la possibilité de financer les travaux de ce type dès le mois de juin ?
Qu’en est-il également du financement de l’aménagement ? Il semblerait qu’au départ, le projet ait été rajouté au contrat de quartier Fontainas puis en avait été « sorti ». Un budget de 900.000 € aurait été porté en compte. La Dernière Heure de ce vendredi 21 mai évoquait plutôt une somme de 250.000 €.
En réalité, le projet souffre de plusieurs gros problèmes :
il ne tient pas suffisamment compte des réactions précédentes des habitants ;
il ne formule qu’une seule option sans possibilité de pouvoir comparer avec d’autres alternatives ;
il semble, vu la minceur du dossier, être précipité, sans réelle consistance, sans « vision ».
Ces éléments ne peuvent pousser les habitants qu’à tirer la conclusion que ce projet n’est pas mûr et qu’il faut faire marche arrière.
Lors des rencontres avec les habitants, ils se sont prononcé massivement contre les luminaires en applique sur les façades. D'autre part, pour ce qui est des "faux acacias", ce ne sont pas de grands arbres. De plus, ils ont des picots qui font mal.
RépondreSupprimerAntoine Goudaillier.