dimanche 14 novembre 2010

BIENTÔT CHACUN SA TOUR AU MIDI


Nous l'annoncions en bandeau sur notre page d'accueil : le quartier de la gare du Midi va encore faire parler de lui puisqu'il semblerait que plusieurs tours monumentales y sont en projet.

A cheval sur Saint-Gilles et Anderlecht, les parcelles doivent faire l'objet de modifications de deux PPAS pour que ces buidings puissent s'y ériger. Nous avons consulté le dossier de demande déposés à la commune de Saint-Gilles et son petit frère à Anderlecht.

Le dossier d'Anderlecht est un peu mieux motivé et explicite. Il concerne le PPAS «BARA 1» datant de 1995 et abrogé partiellement en 2004.

C'est par la presse que nous avons appris quels étaient les enjeux liés à ces abrogations déposées par les deux communes (à un jour d'intervalle).

Le Comité de Défense de Saint-Gilles a écrit aux deux communes pour s'étonner de constater que ces projets soient déposés alors même que les différents avatars des projets urbanistiques calamiteux de la rue Fonsny auraient normalement dû permettre de tirer des leçons quant à l’inopportunité d’édifier encore de nouveaux immeubles de bureau dans le quartier de la gare du Midi.

Plus inquiétant : la commune de Saint-Gilles s’acoquine aux autorités de la commune d’Anderlecht pour permettre à Atenor et CFE de multiplier encore les projets immobiliers spéculatifs dont l'intérêt nous échappe.


Stéphan Sonneville, administrateur délégué d'Atenor, a déclaré au journal «Le Soir» qu'il reconnaissait qu'il y avait trop de bureaux à Bruxelles. Il nuance en déclarant : « Mais il n'y en a pas assez de qualité. »

Le PPAS n’évoque à aucun niveau le projet immobilier sous-jacent, pourtant bien réel dans les cartons d'Atenor. C’est donc par la presse que le quidam a appris le pourquoi du comment de la demande d’abrogation du PPAS. Il nous semble que cette dissimulation ne contribue pas à garantir un projet de qualité – c’est le moins que l’on puisse dire.

Pour l'instant, l'îlot concerné est, nous le concédons, un désastre. Ce sont des entrepôts, des immeubles, des bâtiments laissés en friche depuis trop longtemps.
Une fresque de bande dessinée masquait jusqu’à peu une partie du chancre (voir photo ci-dessous - la bâche est enlevée depuis peu).



Aujourd’hui, c’est un spectacle de désolation qui s’offre aux yeux des navetteurs, des touristes … et surtout aux habitants du quartier. Par contre, les squatteurs n'ont plus - aussi facilement - accès aux bâtiments dont plusieurs ont été murés.

En quoi consisterait le projet - dont le nom de code est : «Victor» ?

Le patron du groupe justifie son projet : « Les centres d'affaires doivent se situer à proximité des gares. La gare du Midi est l'endroit où il faut faire du bureau ! ». Il dit y voir travailler dans le futur environ 8.000 personnes. La fonction de bureau ne serait pas la seule : le logement occupera entre 5.000 et 10.000 m2 et le commerce environ 3.000 m2.



Quelle hauteur auront ces tours ? Le Code bruxellois de l'aménagement du territoire (Cobat) est clair : Victor ne pourra dépasser les 150 mètres de la tour du Midi érigée durant les années 60. Nous voilà rassurés ...

Selon Le Soir, toujours, c'est l'architecte français Christian de Portzamparc qui devrait orchestrer l'opération (en association avec d'autres partenaires). Le groupe dit vouloir s'inscrire dans l'environnement existant et ne pas développer une architecture coup-de-poing, dont l'hypermodernité devrait donner un sérieux coup de vieux à la tour du Midi.

Le projet Victor consiste en un ensemble de quatre tours à la disposition variée, dont trois sont imbriquées. Les premiers étages joueront la carte de la transparence, s'ouvrant sur un espace public réaménagé.

Il semble que la demande de permis est prête et serait déposée le 22 décembre.


Qu'en penser de tout cela ?

La construction de bureaux pose question. Surtout que beaucoup d'entre eux restent vide. Pourquoi ne pas occuper les bureaux disponibles - et les rénover s'ils ne correspondent plus à la demande et au confort.
En réalité, un autre projet nous semble bien plus utile que de construire ces tours de bureaux : celui de vraiment créer dans ce quartier du logement (moyen et pour les bas revenus – surtout) et non des immeubles de bureaux calamiteux ou des espaces commerciaux foireux. Et pourquoi pas : d'aider les habitants à rénover leur logement - tout en éradiquant ces chancres et en traquant les spéculateurs qui laissent pourrir des immeubles de longues années durant.

Car là est aussi le problème : en abrogeant le PPAS, il semble que l’on tente de déroger à ce qui était prévu au départ dans le cadre de 1995 : la construction de 10.000 m² de logement. Alors que le PRAS limitait le bâti à 170.000 m² de construction : nous avons, à ce jour, largement dépassé ce quota. Le projet d'Atenor annonce miraculeusement la construction de 10.000 m² de logement : c'est à voir.

Ce côté obscur de la procédure (où des promoteurs préfèrent finalement les effets de manche auprès de la presse, plutôt que d’informer le public en toute transparence au cours de l'enquête publique ... dans la demande de permis) nous pousse à demander de ne pas abroger ce PPAS sans que des informations transparentes, garanties et fiables ne soient consultables et vérifiables – et respectant les dispositions antérieurs du PPAS de 1995, du PRAS et du RRU. De plus, cette demande n’a de sens qu’assortie d’une explication quant aux projets précis des futurs promoteurs (ailleurs que dans la presse).

L’insuffisance de motivation est un pied de nez aux procédures démocratiques que nous ne pouvons tolérer.

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